In memoriam Jacques Soupart
HOMMAGE A UN GOLFEUR - ETOILE, en vers très, très libres ! Jacques Soupart. 20/01/2001
Venant de Charleroi
Voilà 7 ans déjà
Nous abordions
Avec quelle émotion
Françoise et moi
Pour la première fois
Le cénacle de Rougemont
Il y régnait un' grand' animation
Tout en buvant une bonne bière
Chacun parlait avec passion
De Mulighan et de cimetières
Quel était donc ce monde étrange ?
Parlant un sabir d'initiés.
Nous entrâmes avec méfiance
Et vînmes au bar nous installer
Il s'agissait sans doute d'une secte
Avec des rites à respecter
Toutes ces choses nous semblaient suspectes
Mon Dieu ! Où donc, étions- nous tombés ?
C'est alors
Qu'un homme d'âge mûr
Attira notre attention
Voilà enfin qui nous rassure
Dans notre extrême confusion
Françoise pensait tout bas:
Waitèz pau come il èst bia, ç'n-ome la !
Rin qu'a'l'vir, on dîreut in vrai pacha…*
N'allez pas croire, Chers Amis, que Françoise pense en wallon. Mais nous avons estimé que si on voulait prétendre à quelques subsides de la Région, cela valait bien qu'on dise quelques mots dans la langue du terroir..
* Regarde un peu comme il est beau cet homme! Rien qu'à le voir, on dirait un véritable pacha.
avec un large sourire
Et une main tendue
Il vint nous accueillir
Sans que sa Ciney ne soit bue
A faire du golf nous invita
"C'est chose facile, vous f'rez com' ça
Prendre quelques cours, tant qu'il fait froid
Monsieur Rigo est là pour ça"
Notre sort était scellé
Il nous avait ensorcelés
Et c'est com' ça qu'aujourd'hui
Plutôt qu'ailleurs, nous sommes ici
Et nous nous disions:
Mais qu'il ést djinti ç'ti la !
Dîrîz bin pouqwè il a olè tout ça
Aveu des djints
Qu'i n'coneut nin ? **
** Mais qu'il est gentil, celui là.. Diriez vous bien pourquoi il a fait tout ça pour des gens qu'il ne connaît pas.
Très vit' nous avons compris
Que cet hom' étonnant et disert
Qui nous avait conquis
Se prénommait Albert
C'était sans doute dans sa nature
D'être sympa et accueillant
A tout qui au golf, d'aventure
Voulait être débutant
Après des mois de cours
Avec Rigo et compagnie
Nous nous lancions à notre tour
En délaissant l'Académie
Et là aussi, l'ami Albert
Toujours prêt à conseiller
Devenait un partenaire
De première nécessité
Il a un' grand' expérience
Dont il fait part volontiers
Des coups tordus, il a la science
Qu'on essaye en vain, d'imiter
Françoise et moi
On se disait tout bas
V'la co bin qu'on la
Pou dèscouvri l'plaiji d'jouwer
Pace què…on peut bin l'dire…
S'il n'aveut nin stî la
Nos s'rins d'dja tèrtous ralès ! ***
*** Encore bien que nous l'ayons pour découvrir le plaisir de jouer. Parce que, on peut bien le dire, s'il n'avait pas été là, nous serions déjà repartis..
Plus tard nous fut révélé
Son véritable curriculum
Et d'autres choses en somme
Que je vais vous raconter .
Tout d'abord ce brave Albert
Est né à Riviere, en pleine guerre
Dans une demeure de fortune
Une nuit de crue et de pleine lune
..
Exactement où c'est maintenant
"L'eau Vive", le restaurant
C'était là qu'on fabriquait
Pour les tonneaux, des robinets
J'ai ici la gazette de l'an 16
De sa naissance, pas de mention
Ce mépris flagrant de la presse
Méritait bien réparation.
Quittons donc ces propos funestes
Et pour oublier cette omission
Je vous prie d'écouter le reste
De l'histoire d'Albert Stiernon.
Plus tard à Namur, vendit du beurre
Sur la Place Chanoine Deschamps
Qu'on appelait "Marché au beurre"
Tant il ramassait des clients
Pour le Congo, avant l'Indépendance
Il nous tira sa révérence
Et s'en alla tout "pèpère"
Faire son beurre dans les Ch'mins d'fer
Je ne vous dirai pas, compagnons
Tout ce qui s'est passé dans ses wagons
D'autant qu'Albert pour ses "liaisons"
Avait un wagon de fonction
A ce stade du récit
Nous nous d'mandions , encore ébahis
Tout ça c'est bia…,
Mais tout mis achène,
Ca n'nos dîra jamais pouqwè
I s'a mis a djouwer au golf
In djoû d'estè ****
**** Tout ça, c'est beau, mais tout mis ensemble cela ne nous dira jamais pourquoi il s'est mis à jouer au golf un jour d'été.
En fait, Il faisait du ski nautique
Sur un immense lac d'Afrique
Mais un jour il a capoté
Su'l terrain d'golf d'à côté
Le Golf, il se mit à l'aimer
Son handicap ne cessa de baisser
Comme en tout, il devint expert
A coup de bois et de fers
Pour les Mages, l'étoile était un signe
Pour le Michelin gastronomique aussi
Etre étoile à l'Opéra, honneur insigne
Ecoutez comment le golfeur-étoile naquit
Avec une constance exemplaire
En stable-ford ou en match-play
Il stupéfia ses adversaires
Tirant des coups à faire rêver
Son" hole in one" fut plutôt spécial
La balle d'Albert un peu trop longue
Par un coup vraiment génial
Sur une termitière, remonte
Elle redescend du monticule
Et sans subir un deuxième coup
Elle roule d'elle-même, ridicule
Mourir dans l'trou
Et au Club House, ce soir là, en Afrique, on chantait:
+ Par devant par derrière
Gentiment comme' toujours
Sans chichis sans manières
Albert gagna l'concours
+ Les oiseaux sur les branches
Qui l'avaient vu jouer
Savouraient les nuances
Du champagne frappé
En 69, chiffre symbole
Il séduisit la belle Gilberte
Qui en devint aussitôt folle
Tant ses mains étaient alertes
En effet
On l'appelait le "métronome"
Pour son adresse au "petit jeu"
Il semble qu'il soit aussi hors normes
Selon Gilberte pour le "grand jeu"
En 87, membre fondateur
De notre Club de Rougemont
Il s'occupe des moteurs
Et des fairways du Beauvallon
Mais pour que nul l'ignore
Il assumât très longtemps
Le capitanat des seniors
Avec rigueur, évidemment
Du monsieur Propre de la TV
Il a la force et la sûreté
Sur son passage tout devient net
Plus de torchons, rien qu'des serviettes
Il aime offrir une tournée
Après le jeu, en fin d'journée
Il nous raconte des histoires
De pygmées, de tam-tam et des noirs
Mais nous nous interrogions
In petto bien sûr:
Pouqwè ç'què nos-avons mis
Nos vis costumes d'1920
Tout bin r'nètyis? Dijèz…
C' n'èst nin possible
Qu'il aureut co sès-ans d'mwin ! *****
***** Pourquoi avons-nous mis nos vieux habits de 1920, bien nettoyés, Dites, ce n'est pas possible qu'il ait à nouveau son anniversaire demain !
Y pas longtemps
Nous étions encore là
A le fêter,en" bamboulas"
Quel âge a-t-il maintenant ?
La rumeur veut qu'il ait 85.
C'est difficile' à imaginer,
Alors qu'il en paraît 75
Qu'en 1916, il était déjà né
Son handicap physique
Depuis tant d'années
Comme l' handicap golfique
N'a guerre évolué
Toujours droit comme' un i
Sans vouloir vexer la monarchie
Pour nous tous, ses amis
Le roi Albert, c'est LUI
Hélas ce soir, com' pour me contredire
Notre ami jubilaire s'abstient
Sur un lit d'hopital, il soupire
"J'aurais pas dû l'sortir, ce foutu chien"
Mais qu'à cela ne tienne
On est ici pour le fêter
Car avec lui, quoiqu'il advienne
Il aura vite récupéré
Happy birthday to you
Toi qui nous es cher
Reste encore parmi nous
Pour d'autres anniversaires
J'ai épuisé le "Sujet"
Et je le suis aussi
Que trouverai-je dans cinq ans ?
Pour évoquer ses nonante ans.
J'invite les copains ici réunis
A lever leurs verres
A la santé de notre Ami
Ce Cher Albert.
Jacques SOUPART
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